Interview Yan Kuszak juge-arbitre adjoint pendant Roland-Garros

Voici le deuxième volet consacré à Yan Kuszak. Véritable force tranquille, l’homme mène ses activités dans le milieu tennistique avec conviction et beaucoup de responsabilités. En plus d’être speaker des équipes françaises de Coupe Davis et de Fed Cup, comme nous l’avons vu il y a quelques semaines, Yan Kuszak est également juge-arbitre international de tennis et le deuxième juge-arbitre adjoint de Roland-Garros. Ne vous méprenez pas sur la fonction de juge-arbitre. Il n’arbitre pas les rencontres. A quelques jours du début de Roland-Garros, plus grand tournoi sur terre battue au monde, nous avons jugé intéressant d’en savoir plus sur cette fonction de juge-arbitre, une activité souvent méconnue du public.

« Le juge-arbitre est le responsable de la gestion sportive d’un tournoi » Yan Kuszak

On se mélange souvent les pinceaux entre les fonctions d’arbitres ? Comment peut-on différencier qui fait quoi ? Et quel est le rôle d’un juge-arbitre ?

Yan Kuszak : au tennis, au niveau arbitrage, il y a 4 fonctions :

les juges de ligne : ils peuvent être 9 autour d’un terrain. Ils jugent si une balle est bonne ou faute. A Roland-Garros, ils sont 270 au début du tournoi.

les arbitres de chaise : Ils ont, eux, l’adrénaline procurée par la direction d’un match. A part bien sûr avoir un excellent coup d’œil, tout leur art réside dans la bonne communication avec les joueurs. Au niveau international, c’est souvent leur activité principale. Ils officient 20 à 30 semaines par an. A Roland-Garros, ils sont une quarantaine.

Sur le tournoi, la population des arbitres regroupe donc plus de 300 personnes. Celui qui les encadre est le chef des arbitres : c’est là aussi une qualification internationale. J’ai été manager des arbitres de Roland-Garros de 2006 à 2010, aux Jeux Olympiques de Pékin et aux Paralympiques de Londres. A ce poste, la mission principale consiste à désigner les arbitres en fonction d’un ensemble de critères (expérience, passé avec tel joueur, forme du moment, langues pratiquées pour une communication optimale avec les joueurs,…).

le juge-arbitre (referee) : c’est celui qui fait les tirages au sort des tableaux, les programmations des matchs. C’est le responsable de la gestion sportive d’un tournoi. A Roland-Garros, comme c’est un très grand tournoi avec plusieurs épreuves (simples messieurs et dames, doubles y compris mixte, tennis fauteuil et Trophée des Légendes notamment)  il y a un juge-arbitre principal et moi, je suis l’un des deux juges-arbitres adjoints. Une petite partie de la mission quotidienne consiste à aller chercher les joueurs dans les vestiaires et les « déposer » dans l’arène (voir photo ci-dessus).

Le reste de l’année, j’officie sur des tournois internationaux sur lesquels la fédération française ou la fédération internationale me désigne. Par exemple, après Roland-Garros, je vais diriger la rencontre de Coupe Davis Tunisie vs. Bulgarie en Juillet prochain.

Depuis quand évoluez-vous dans l’arbitrage ?

YK : Je suis passionné d’arbitrage depuis l’âge de 15-16 ans. J’ai 43 ans, je vous laisse faire le calcul ! J’évolue au niveau international depuis le début des années 2000. A Roland-Garros, j’ai commencé à 19-20 ans comme juge de ligne et jeune arbitre de chaise.

Quand aura lieu le tirage au sort cette année ?

YK : Le tirage au sort a lieu le vendredi de la fin de semaine des qualifications, donc le vendredi 20 mai. C’est le premier moment fort du tournoi puisqu’il détermine tous les duels du premier tour. C’est l’événement qui lance véritablement le tournoi !

Yan Kuszak

Vous aimez partager votre expérience de Roland-Garros aussi…

YK : Comme j’ai la chance de vivre au cœur du tournoi depuis de nombreuses années, je fais également part de mon expérience auprès des étudiants de grandes écoles sur « les enjeux économiques de Roland-Garros ». J’y explique la nécessité de moderniser le stade (toit rétractable sur le Central et nouveau court prévu dans le Jardin des Serres d’Auteuil d’ici 2020) pour que le tournoi continue, avec ses 200 millions de chiffre d’affaires, à être profitable à l’ensemble du tennis français et ses 1,1 million de licenciés. Et pour qu’il puisse lutter à armes égales avec les 3 autres tournois du Grand Chelem avec lesquels la compétition est exacerbée.

Info JO 2016 : Yan Kuszak sera la voix française et anglaise des Jeux Olympiques à Rio cet été – à la fois speaker tennis mais également speaker lors des « Victory Ceremonies » des autres sports.

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